Une note sur la langue
Dans cette trousse, nous utiliserons parfois le mot femme et les pronoms féminins par souci de simplicité et pour reconnaître l’impact significatif de la violence facilitée par la technologie sur les femmes et les filles. Nous reconnaissons que la VFGFT a également un impact sur les personnes trans, non binaires et bispirituelles. Nous espérons que toutes les personnes touchées par la VFGFT trouveront ces documents utiles.
Être parent ou responsable d’une personne qui vit la violence dans ses fréquentations peut s’avérer difficile. Savoir ou même soupçonner qu’une adolescente est victime de violence peut être à la fois effrayant et frustrant.
En tant que parent ou responsable, vous jouez un rôle essentiel en aidant les jeunes à développer de bonnes relations et en les soutenant, en favorisant la confiance en soi et en les éduquant au sujet des relations saines. Vous avez déjà l’habitude d’identifier les problèmes de sécurité et d’intervenir pour protéger vos jeunes en cas de circonstances défavorables. Vous pouvez utiliser les mêmes compétences lorsqu’il s’agit de cyberviolence dans les fréquentations.
Pour maintenir la relation de confiance, il faut respecter leurs décisions même si l’on n’est pas d’accord. C’est une façon de leur montrer l’exemple. Vous ne pouvez pas les forcer à vous faire confiance et vous ne pouvez pas vivre leur vie à leur place. Cela comprend les décisions concernant leurs relations.
Voici quelques conseils utiles pour soutenir votre adolescente.
Actions préventives
- Remettre en question les images négatives véhiculées par les médias qui encouragent la violence dans les relations et en discuter. Souligner que la violence n’est jamais justifiée.
- Valoriser les relations saines dans lesquelles les partenaires se respectent, se soutiennent et se font confiance. Souligner les comportements sains dans ces relations (prendre des décisions communes, communication abondante, soutien des intérêts, etc.)
- Apprendre aux adolescents à se protéger. Les sensibiliser aux problèmes liés à la violence dans les fréquentations et réfléchir ensemble à la manière de gérer différents scénarios en vue d’assurer la sécurité.
- Apprendre le respect aux adolescents. Les aider à se sentir bien dans leur peau, dans leurs activités et leurs vêtements. Leur dire que personne n’a le droit d’en contrôler ou d’en frapper une autre. Explorer ensemble d’éventuelles réactions si on leur manque de respect et leur rappeler que la violence n’est jamais justifiée.
Quelques signes avant-coureurs d’une relation malsaine
- Isolement. Est-ce que les jeunes sont déconnectés de leurs proches ou de leur famille? Avez-vous constaté un abandon de centres d’intérêt qui leur tenaient à cœur?
- Changements émotionnels et physiques. Avez-vous constaté des changements soudains d’humeur ou de personnalité? Est-ce que leur partenaire leur fait peur? Est-ce que votre ado est constamment nerveuse ou anxieuse, déprimée, donnant le change ou retirée? Présence d’ecchymoses, d’égratignures ou de blessures inexpliquées?
- Surveillance constante. Est-ce que les appels manqués les contrarient ou les stressent ou existe-t-il une crainte de rater un appel? Est-ce que le partenaire est constamment en train de prendre des nouvelles?
- Comportement du partenaire. Est-ce que le partenaire contrôle le comportement de votre ado, prend des décisions à sa place, se montre extrêmement jaloux ou possessif, exige de savoir où se trouve votre ado et avec qui?
- Excuser le comportement du partenaire. Est-ce que votre ado s’excuse du comportement de son partenaire envers vous ou d’autres personnes? Est-ce que le caractère colérique ou le comportement violent du partenaire ont été évoqués avec désinvolture, puis qualifiés de plaisanteries?
Votre instinct vous pousse probablement à essayer de sortir votre ado de sa relation le plus rapidement possible. Malheureusement, cela n’est pratiquement jamais simple, et les efforts déployés pour prendre une décision à sa place risquent de n’aboutir qu’à l’isolement.
Le meilleur soutien est motivé par un amour inconditionnel et la confiance en sa capacité à prendre ses propres décisions.
Voici quelques conseils pour soutenir votre ado:
Écouter et offrir son soutien
Être calme, attentive et n’accuser personne lorsque vous discutez des relations de votre ado. Dites-lui que le comportement du partenaire n’est pas de sa faute et que personne ne mérite de subir la violence. Si votre ado vous parle, il est essentiel de l’écouter afin de pouvoir l’aider.
Si votre ado ne vous parle pas, évitez de vous montrer déçue, de la blâmer ou de réagir de manière excessive. La laisser vous parler dans ses propres mots, et prêter une oreille attentive à ses confidences.
Accepter ce que vous dit votre ado
Croyez ce que vous dit votre ado, même si c’est difficile à entendre. Peut-être qu’elle sera réticente à partager ses expériences par peur de la manière dont vous allez réagir. Si vous êtes sceptique, votre ado hésitera peut-être à vous faire des confidences et, en fin de compte, cela la poussera vers l’auteur de violence. Offrez votre soutien inconditionnel et dites-lui que vous êtes là.
Partagez votre inquiétude
Faites comprendre à votre ado que vous vous préoccupez de sa sécurité en centrant la conversation sur son expérience. Rappelez-lui que tout le monde mérite d’être traité avec respect et que la violence n’est pas sa faute.
Ne la rabaissez pas. Ne donnez pas l’impression que vous pensez qu’il est stupide et insensé de poursuivre la relation. Essayez: «Ce n’est pas de ta faute. Tu n’es pas coupable, même si Jean essaie de te fait croire le contraire. Ce genre de comportement n’est pas correct.»
Centrez la conversation autour des comportements et non sur l’auteur
Valorisez les comportements positifs de votre ado, comme le fait de venir vous parler.
N’oubliez pas qu’elle peut encore éprouver des sentiments pour la personne qui lui fait du mal. Le fait de parler contre son partenaire pourrait l’éloigner et vous empêcher de la soutenir. Discutez des comportements violents que vous observez, et non de vos opinions au sujet de la personne concernée.
Évitez de proférer des menaces envers l’auteur de violence. Les menaces renforcent l’idée que les problèmes sont résolus par la violence, car si c’est acceptable pour vous, c’est acceptable pour l’auteur.
Évitez les ultimatums
Ne pas blâmer ou punir votre ado. Évitez les questions du type «Qu’as-tu fait pour être frappée?» ou «Pourquoi t’es-tu laissée faire?» Faites-lui plutôt comprendre que personne ne mérite la violence. Essayez: «C’est cette personne qui a un problème, pas toi. Ce n’est pas à toi d’aider l’autre à changer.»
Votre ado a le droit de prendre ses propres décisions. Résistez à l’envie de fixer des ultimatums ou de punir pour avoir pris des décisions qui vous contrarient. L’obliger à prendre une décision peut aggraver son sentiment d’isolement et la pousser dans les bras de son partenaire violent. Ayez confiance en votre ado et en sa compréhension de la situation, elle agira quand elle sera prête.
Préparez-vous
Informez-vous au sujet de la violence dans les fréquentations afin d’aider votre ado à identifier les signes avant-coureurs de comportements malsains et discutez de ce à quoi peut ressembler une relation saine. Identifiez les relations qui illustrent ces qualités dans votre famille et réitérez votre soutien.
La rupture est la période la plus dangereuse d’une relation. Si votre ado rompt avec un partenaire violent, élaborez ensemble un plan de sécurité adapté à sa situation. Vous pouvez demander à un organisme antiviolence de vous aider à planifier sa sécurité, à obtenir un engagement de ne pas troubler l’ordre public ou à trouver d’autres stratégies de sécurité. Prenez contact avec votre organisation antiviolence à l’adresse suivante: www.hebergementfemmes.ca.
Décidez ensemble des prochaines étapes
La décision finale doit être prise par les adolescents. Demandez-leur quelles sont les prochaines étapes et cherchez un soutien, surtout en cas de malaise à discuter de la situation avec vous.
- Rassurez votre ado en lui montrant que vous l’aimez et que son bien-être vous tient à cœur. Confirmez que vous êtes là pour elle. Essayez: «Je me soucie de ce qui t’arrive. Je t’aime et je vais faire tout ce que je peux pour t’aider.»
- Respectez l’autonomie de votre ado. Lui interdire de voir son partenaire violent peut l’inciter à agir en cachette. Votre ado hésitera peut-être davantage à vous demander de l’aide. Un soutien patient et constant l’encouragera à prendre la décision de mettre fin à la relation et à s’engager dans des relations plus saines à l’avenir.
- Préconisez l’autonomie en vue de favoriser la prise de décisions saines. Même si la sécurité est votre priorité, votre ado doit pouvoir prendre des décisions lorsque la situation le permet, car l’auteur de violence a usurpé son pouvoir. Si votre approche a des points communs avec celle de l’auteur, vous risquez d’aggraver la situation.
- Offrez à votre ado des services de counseling. Contacter une intervenante ou une organisation spécialisée en violence conjugale et dans les relations des adolescents pourra améliorer la situation. Le counseling peut aider à surmonter les dommages émotionnels et à savoir comment éviter les relations violentes à l’avenir.
Comprendre comment soutenir avec amour et sans porter de jugement vous aidera à maintenir le lien dont vos jeunes ont besoin pour se sentir à l’aise de demander de l’aide.
Si vous avez du mal à communiquer avec votre ado, essayez:
- «Parfois, les gens ont des comportements menaçants ou effrayants, même sans violence physique. Écoute ton intuition. Si tu as peur, il est important d’en parler.»
- «C’est important d’en parler. Si tu ne veux pas parler avec moi, on va trouver une personne de confiance avec qui tu pourras échanger. Tu peux aussi appeler un service d’assistance téléphonique confidentiel, ce qui va t’aider à faire la part des choses.»
- Si vous soupçonnez votre ado de maltraiter d’autres personnes, suggérez-lui de réfléchir à son comportement et à ses motivations. Démontez les mythes sur la façon dont les garçons et les filles sont censés agir et parlez des conséquences graves d’un comportement violent pour les deux partenaires.
La cyberviolence dans les fréquentations fait partie d’un continuum de violence qui peut se produire à la fois en ligne et en personne. Si vous ou une personne de votre entourage êtes victime de cyberviolence dans les fréquentations, vous n’êtes pas seule. Encouragez-les à discuter avec un adulte de confiance, à se connecter avec Jeunesse, J’écoute pour créer un plan de sécurité. Vous pouvez consulter hebergementfemmes.ca pour trouver une maison d’hébergement près de chez vous afin de discuter de vos options et de créer un plan de sécurité. Vous n’avez pas besoin de résider dans une maison d’hébergement pour accéder à un soutien et à des services gratuits et confidentiels.
Adapté avec la permission du projet Technology Safety de la BCSTH, d’après leur ressource Supporting Your Teen through Digital Dating Violence.