Qu’est-ce que la distribution non consensuelle d’images?

Au Canada, la distribution non consensuelle d’images est le partage d’une image intime, sans consentement, alors que l’image est censée rester privée. Une image intime montre une personne nue, exposant ses seins, ses organes génitaux ou sa région anale, ou engagée dans une activité sexuelle. Il peut s’agir de tout enregistrement visuel, y compris une photographie ou un enregistrement vidéo.

Dans le contexte de la violence conjugale, les auteurs de violence partagent souvent ou menacent de partager des photos ou des vidéos intimes pour manipuler les femmes, les punir ou les contrôler. Nombre de ces vidéos ou photos sont publiées et partagées en ligne sur des sites de médias sociaux populaires, de pornographie ou de «pornographie de vengeance».

Lorsque publiées en ligne, certaines images intimes contiennent des informations permettant d’identifier la personne, telles que son nom, son adresse, son numéro de téléphone et son lieu de travail ou d’études, ce qui peut exacerber le risque de violence, de traque et de harcèlement par d’autres personnes. Des femmes ont déclaré avoir été contactées par des inconnus leur demandant des faveurs sexuelles obscènes ou d’autres photos après la publication de leurs photos, vidéos ou informations personnelles.

Les auteurs peuvent également envoyer, ou menacer d’envoyer des images directement aux proches, à la famille et à d’autres membres de la communauté qui connaissent la survivante, par courriel ou par SMS.

Un auteur peut entrer en possession de photos ou de vidéos intimes de différentes manières.

  • Il a pris la photo ou la vidéo à l’origine
  • La photo ou la vidéo lui a été envoyée par la personne qui l’a captée (selfie)
  • Il a volé l’image (en accédant à votre téléphone, ordinateur ou compte infonuagique)
  • Il a photoshopé une image pour qu’elle ressemble à la personne.

Impact sur les femmes

Les effets de cette violence peuvent être dévastateurs et avoir un impact sur tous les aspects de la vie et de l’avenir d’une femme. Nombre d’entre elles sont revictimisées à l’école, sur leur lieu de travail ou dans leur communauté, et certaines ont tenté de se suicider ou sont passées à l’acte. Malheureusement, les victimes sont très souvent blâmées, les gens suggérant que ces images n’auraient pas dû être partagées en premier lieu. Même lorsque les images ont été obtenues sans consentement ni permission (par exemple, en enregistrant secrètement quelqu’un ou en filmant une agression sexuelle), c’est souvent la femme qui est remise en question. L’accent ne devrait jamais être sur ce qu’elle a fait, mais plutôt sur la distribution par l’auteur d’images intimes sans consentement.

Terminologie

La distribution non consensuelle d’images est souvent appelée «pornographie de vengeance» ou «cyberharcèlement». Parmi les autres termes utilisés, citons la sexploitation ou la sextorsion (chantage et menaces de révéler des images explicites), et l’e-vengeance, qui fait référence à la diffusion électronique.

Le terme actuellement préféré est «distribution non consensuelle d’images». Cette terminologie ne met pas l’accent sur ce qu’a fait la femme (ce qui peut constituer un blâme de la victime) ou sur les motivations de la personne qui a partagé l’image (qui n’est souvent pas la vengeance), mais se concentre plutôt sur l’absence de consentement.

En outre, il n’est pas nécessaire que les images montrent de la nudité ou des organes génitaux (critère souvent utilisé pour déterminer si une image est considérée comme pornographique) ou soient de nature sexuelle. Le terme «image intime» englobe également les photos ou vidéos qui peuvent être relativement intimes, en fonction du contexte culturel ou social, sans avoir à montrer de nudité ou de sexe (par exemple, le partage de la photo d’une femme sans son hijab pour lui causer honte et embarras ou pour l’extorquer).

Que peuvent faire les femmes?

Documenter votre expérience

Pour beaucoup de femmes, le premier réflexe est de faire retirer immédiatement les images du Web. Demandez-vous toutefois si vous voulez d’abord documenter ou capturer des preuves afin d’avoir une trace de ce qui a été publié et par qui. Ces informations seront importantes si vous optez pour le signalement, que ce soit à la police, à un·e avocat·e ou à d’autres services.

Voici quelques conseils pour documenter les preuves:

  • Saisissez l’URL de l’image
  • Si l’URL ne semble pas indiquer le site de publication, notez cette information
  • S’il est possible de voir qui a publié l’image, faites une capture d’écran où le nom et toute autre information de profil de l’auteur sont visibles
  • Tâchez d’y inclure la date et l’heure de publication de l’image si possible et notez toujours la date de collecte des preuves
  • Collectez également toute autre trace de harcèlement, comme des courriels ou des SMS
  • Si l’auteur de violence a commenté ou fait allusion à l’image intime, notez-le dans votre journal de documentation.

Signalement au site Web

De nombreux sites de médias sociaux disposent d’un processus permettant de supprimer les images intimes non consensuelles. Ces entreprises ont des politiques qui interdisent les images intimes non consensuelles sur leurs sites et, une fois signalées, elles sont supprimées. C’est pourquoi il importe de capturer d’abord les preuves avant de les signaler, car une fois supprimées, vous en perdrez toute trace.

Certains sites ne disposent pas d’un processus de signalement pour retirer les images intimes non consensuelles. Si c’est le cas, lisez leurs directives communautaires ou relatives au contenu pour voir s’ils suppriment certains contenus. Certains sites ont des directives relatives au contenu en matière de harcèlement, de violence, de haine ou de nuisance. Bien qu’ils ne disposent pas d’un processus de notification de retrait, ils peuvent autoriser les demandes de retrait de contenu si vous leur envoyez un courriel ou les contactez. Certains sites suppriment le contenu en cas d’infraction aux droits d’auteur. Cela peut être utile si c’est vous qui avez pris la photo ou la vidéo.

Méfiez-vous des sites qui vous demandent beaucoup d’informations personnelles ou un paiement pour supprimer l’image. Si la plupart s’efforcent de vous aider, certains sites douteux peuvent tenter d’exploiter ce qui vous est arrivé en demandant des informations d’identification personnelle afin de pouvoir les publier à côté de l’image intime, ou vous faire chanter pour obtenir de l’argent afin de retirer le contenu.

Supprimez votre image des moteurs de recherche

Certaines femmes sont très inquiètes que ces images apparaissent si quelqu’un les recherche. Vous pouvez soumettre une demande à Google ou à Bing et leur demander de faire disparaitre les URL liées à votre image des résultats de recherche. Ainsi, lorsque quelqu’un cherche votre nom, il sera beaucoup plus difficile à trouver.

Si l’image a été partagée sans consentement, voir le Guide de l’initiative pour les droits civils sur Internet pour faire retirer le contenu indésirable.

Signaler la violence

Il est possible de faire un rapport à la police. Selon le Code criminel canadien, la distribution non consensuelle d’images constitue une infraction.

Cherchez le soutien d’un programme antiviolence

Si la violence basée sur la distribution d’images intimes fait partie d’un schéma plus large de violence conjugale ou sexuelle, demandez l’aide d’un programme antiviolence dans votre communauté. Vous pouvez obtenir de l’aide concernant l’utilisation abusive d’images et d’autres formes de violence.

Conseils de sécurité technologique

Voici quelques conseils utiles:

  • Si vos photos et vos vidéos sont automatiquement téléchargées sur un service infonuagique, vérifiez que ces comptes sont sécurisés et que personne d’autre que vous ne connait le mot de passe. Il est toujours bon de s’assurer que tous vos comptes sont sécurisés et que vous êtes seule à connaitre les mots de passe.
  • Vérifiez les paramètres de confidentialité de vos médias sociaux, afin de savoir qui voit ce que vous partagez. Vous pouvez passer en revue vos amis et vos followers, et retirer l’accès à vos informations au besoin.
  • Mettez des codes d’accès sur vos appareils, en particulier ceux qui contiennent des photos et des vidéos de vous.
  • Envisagez de créer une alerte Google à votre nom afin d’être avertie dès qu’il est publié en ligne. Une personne dont le nom n’est pas très courant aura plus de facilité à utiliser ces alertes. Gardez en tête que vous recevrez une alerte chaque fois que votre image intime sera réaffichée. Certaines femmes trouvent cela utile, tandis que d’autres trouvent le processus particulièrement éprouvant.

La violence fondée sur le genre facilitée par la technologie (VFGFT) fait partie d’un continuum de violence qui peut se produire à la fois en ligne et en personne. Si vous ou l’une de vos connaissances faites face à la VFGFT, vous n’êtes pas seule. Vous pouvez consulter hebergementfemmes.ca pour trouver une maison d’hébergement près de chez vous afin de discuter de vos options et de créer un plan de sécurité. Vous n’avez pas besoin de résider dans une maison d’hébergement pour accéder à un soutien et à des services gratuits et confidentiels.

Adapté pour le Canada avec la permission du Safety Net Project de NNEDV, d’après leur ressource Image Based Abuse.

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